Volatile Parigot

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NOEL PROVENCAL - 2004
Laïus & images Olive

 

22 décembre, traditionnelle montée hivernale au Ventoux. Le sommet enneigé en ligne de mire en fait plus encore que d'habitude l'objet de convoitise, visible tout le long du trajet de Mormoiron (face sud) à Malaucène (face nord côté ouest). En commençant la montée à pedigus gambus du Mt Serein (1500m), je croise un volatile de Vaucluse Parapente venu là pour randonner. Dès les premiers contreforts nous prenons quelques bouffes venues d'est. Nous sommes perplexes.

 

Et pourtant, une heure plus tard je déboule à "la Boule" - le radar, NDLR -  avec un petit 15 de face qui laisse augurer un petit soaring hivernal bien sympathique tout du long de la crête sommitale. Tellement bien augurer, même, que je ne résiste pas à la tentation de continuer pour décoller du sommet, à l'antenne (1920).

 

C'est là qu'il y a le plus de neige, des congères sont en cours de formation, comme d'hab en cette saison. Mais pas seulement: j'y trouve aussi une petit blizzard de derrière les fagots, genre 40-50 km-h. Le temps de redescendre de 100m à la Boule, et là c'est surtout "les Boules": le tout m'a pris une demi-heure et je me retrouve avec du 30-35 ingérable avec cette neige, cette glace, ce froid et surtout mon faible volume de pratique du moment. Je renonce et redescend, non sans aller jeter un oeil quand même deux lacets de route plus bas, dans les combes côté Est. C'est un plan de secours que je me souviens avoir pratiqué il y a maintenant des lustres.

 

 

Mais la zone est très délicate à gérer et bien peu hospitalière pour un décollage propre sans aucune assistance. Le périmètre devient même scabreux: rafaleux et imprévisible en direction. Trois quarts d'heure plus tard je suis donc au Chalet Liotard, à picoler le vin chaud local façon Côtes du Ventoux. Ca caille et ça n'est pas la partie de luge façon "sacs poubelles" [le modèle de luge "S.D.F" - ndlr]  avec le Tom qui me réchauffera. Vers 5 heures nous redescendons. Sempiternelle halte au Belvédère, et là bien entendu il y a un 20-25 kmh pile poil dans l'axe…  Aarrgghhhhh... mais c'est trop tard et ça caille vraiment trop fort. Il faudrait une sacrée Gnack pour jouer ça sur le champ…

 

 


 

VENDREDI 24 OU UN " MON BEAU SAPIN..." DE CIRCONSTANCE

 

Migration matinale à Ste Jalle. Au sommet du Ventoux, ça ronffle. Je me dis en voyant ça qu'il n'y a décidémment qu'au Col d'ey que ça pourrait le faire… mais en arrivant sur place, comme la veille: peanut's, pétole. Décidémment cette semaine est une semaine de chèvre, sans même parler des expéditions punitives St Victoire et Alpilles qui n'auront pas pu se faire.

 

Retour par le Ventoux, rrrrrremontée à l'intermédiaire du Belvédère, et là miracle: ça semble bonnard: 15-20 dans l'axe. Vu la versatilité observée en vent depuis trois jours, je prends mon temps. Ce n'est qu'au bout d'une heure que je me mets en l'air. Comme toujours en pareil créneau hivernal, la luminosité est d'un limpidité scintillante. On voit jusque de l'autre côté de la vallée du Rhône, sur les contreforts de l'Ardèche. Je me remonte de + 300 m en direction du Mont Serein, mais par endroit je trouve que ça bananne pas mal. Je ne suis pas très à l'aise.

 

En vallée du Rhone, les fumées de Pierrelatte et du Tricastin ne semblent pas trop penchées, mais je sens bien que ça forcit. A tel point qu'après deux passages pour chercher à reposer au déco comme d'hab', je renonce et préfère partir sur Malaucène, pour assurer. Ca ne me réussira pas, c'est le moins qu'on puisse dire: va se produire un scénario cata qui clôturera une saison 2004 décidément mémorable.

 

Dans la combe de Brame Fam, peu après le ressaut situé à la hauteur de Beaumont, contrairement à toutes attentes (en tous cas contrairement à mes attentes), je ne pénète carrément plus. C'est l'ascenceur à Vz - 3 qui se met en place. J'ai beau être parti du Belvédère avec + 200 m en m'imaginant benoitement que ça suffirait grassement.


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 Mauvaise pioche: ce que je n'aurais pas imaginé se produit: je me retrouve aux taquets, pris dans l'entonnoir et en cette saison sans thermique salvateur susceptible de me tirer de là. Je rebrousse chemin en cata pour essayer d'aller poser du côté de Ste Marguerite, mais ça ne faiblit pas, au contraire désormais je me fais appuyer sur la tête en continu. Cairement je me suis mis sous le vent des avants reliefs situés au-dessus de Beaumont. Je suis b…. . Je me fais tarter une fois, deux fois. Je passe aux oreilles, un pied sur le barreau mais la troisième gifle est la bonne. Malgré les oreilles, la voile part en négatif et j'engage à une vitesse conséquente vers le relief, dans une zone pas mal tapissée de pins. Je percute plein pot, ça ricoche, la voile coiffe deux pins. Je me retrouve suspendu pour ainsi dire entre les deux. A priori avec simplement une cheville esquintée dans l'impact, mais à une quinzaine de mètres-sol. Bien entendu, dans cet entonnoir le portable ne passe pas.

 


 

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Il est 14 heures, je suis saucissonné dans ma sellette et dans ma combe, personne ne m'a vu faire et ici personne ne peut me voir. Je vois déjà le scénario kata, genre plan de recherche déclenché par les miens vers 18 heures, une fois la nuit tombée. Et là se produit une bonne pioche, quasiment miraculeuse en cette saison: je lance machinalement et sans illusion un appel VHF sur la fréquence Fédé… à 20 kms de là, un volatile me répond !! Jean-Pierre, un congénère de la volière des Ailes des Baronnies. Il est sorti relever les balises de vent, surtout celle de Nyons, pour voir s'il pouvait partir voleter avec son fils. Joli coup, Baron, pour cette délicate et lumineuse intention !!! Je suis sauvé, même si l'attente sera longue car ma situation précaire et très inconfortable au sens arboricole du terme. Les secours de Malaucène sont alertés. Vu la posture dans laquelle je suis, je ne sui pas vraiment joueur, je préfère ne pas tenter le diable.

Je me contente de communiquer mes coordonnées GPS en radio, cela leur évitera de fouiller la montagne de Biaud de fond en comble (d'autant que j'avais fourré mon sifflet de secours à un endroit rendu inaccessible, bien entendu !). Une fois de plus le GPS se révèle un outil de sécurité, et non pas une quelconque Game Boy réservée à tel ou tel usage crosseux ou compétitionnesque. Déboule une heure et demie plus tard un petite quinzaine de pompiers dont certains armés jusqu'aux dents. Il était temps, ma situation devenait de plus en plus pénible et de plus en plus inconfortable.

 

Un craquement de branche tous les 5 minutes avec 50 cm de descente à chaque fois… au total redescendu de 5 bons mètres… avec encore une bonne dizaine de mètres à l'aplomb. Pas franchement réjouissantes, comme perspectives. J'avais le téléphone, la radio et le GPS, mais je n'avais ni longe ni mousquetons à porter de main pour m'arrimer à quoi que ce soit: en pareil cas, il est illusoire de penser pouvoir se tenir aux branches au-delà d'un certain temps. Surtout quand le vent forcit, que tout bouge et qu'on se demande si la voile ne va pas repartir, tout simplement…. je ressors donc de là avec les bras et le dos complètement explosés.


 

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A l'arrivée une entorse cheville et pas vraiment une ballade de santé pour pouvoir regagner les 4x4 "Secouristes", en dépit de l'aide fournie par la Miss pompière Amandine (Amandine-de-Malaucène - ndlr). Au demeurant seul élément féminin de son état parmi les 13 ou 14 secouristes accourus sur les lieux [ ahhhh… tous ces uniformes rouges avec marqué "Pompiers" dessus, j'en connais une qui serait en extaaaaase…. ;-) ]. Mais bon, là, je me sens petit, voire un peu merdeux, avec mes histoires de parapente tout seul en plein hiver au Mont Ventoux… même si je fais l'hypothèse assez plausible qu'il n'y avait guère d'alertes "Secours" en cet après-midi du 24. Et dans le lot, il est un secouriste qui me connaît déjà: 1998, évacuation par hélico du sommet pour un genoux, becoze congères de 3 mètres. " Il y était ", et moi aussi. Difficile dès lors d'éviter certaines vannes, dans la série: "Vous avez gagné des points, faudra pas oublier de coller ça sur votre carte de fidélité". Ambiance "bon-enfant". Je ressors toutefois soulagé en me disant que si le volatile de Nyons n'avait pas été en radio à ce moment précis - plus est en cette saison ! - pour scruter les balises de vent ==> les choses auraient clairement pris une toute autre tournure (…) Il eût été chouettos pour tout le monde, le soir du réveillon natal ! Bien entendu, trouvé en rentrant, entre autres messages sur mon répondeur téléphonique, ce doux refrain de circonstance entonné par le frangin: "Mon beau sapin, roi des forêts…."

 

On rigolera moins le 25 au matin quand on verra dans quel état se trouve la Quarx. De loin l'incident arboré qui me coûte le plus cher au plan matériel. On a beau dire que c'est Noel et que c'est déjà pas mal de l'avoir passé au chaud… ce nouvel sketch clôt une année 2004 franchement cata. Un cru du genre de ceux qu'on n'est pas prêt d'oublier... "dans le genre"...

 

 

A+

Olive

 

  

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