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Vols et vadrouille en Afrique Noire: GHANA Paragliding Festival et Lac Volta

     Avril 2006 - pour les images: survoler du mulot puis cliquer pour ZOOMER.  Les liens sur textes surlignés mènent à d'autres images.


 

Voler en Afrique Noire, dans un coin où ça n'est pas franchement habituel: voilà une idée qui me tenait à coeur. Le papier de Jacq Derolland dans Vol Libre en 2005 m'avait mis la puce à l'oreille: une initiative avait vu le jour en Afrique Noire et en Afrique de l'Ouest, pour du vol libre en général et du biplace et du parapente en particulier. Une poignée de pilotes d'un peu partout à travers le monde avaient répondu à l'invitation du Ministère du Tourisme du GHANA pour venir voler dans ce coin encore inconnu pour le vol libre, le tout sur l'initiative d'un pilote sud-africain du nom de Walter Neser.
Cette initiative ayant déplacé les foules sur Nkawkaw (160 km au Nord d'Accra), Walter et le Ministre du Tourisme du Ghana prenaient donc l'initiative de récidiver en 2006.


 

Le Ghana: pays frontalier du Burkina, de la Côte d'Ivoire et du Togo, pays où je m'étais balladé 18 ans plus tôt en moto du temps où je résidais dans la région. L'occasion était trop belle pour ne pas retenir mon attention. 12 avril: je reçois enfin l'invitation ghanéenne devant me servir de passe-droit remplaçant le précieux visa.  13 avril: j'embarque à Roissy par un vol de la compagnie lybienne Afriquiah Ariways, transit à Tripoli puis seconde escale à Lomé (Togo). Je suis chargé comme une mule: 55 kilos avec le biplace et la voile solo.
Je survole l'Afrique à 11000m. Retour aux racines (?). Quelque part celles de l'humanité, et quelque part un petit peu les miennes, aussi ;-). Je me dis qu'il faudra quand même bien que je retourne en R.C.A, un jour ou l'autre. A.Brink, écrivain sud-africain: "Qu'il est facile de voir l'Afrique comme scène de misère, histoire de perte et d'échecs, disgrâce de l'humanité. Et pourtant, c'est ici que nous avons tous nos origines".

23h, Accra. Restit torride sur le tarmac. Je me demande si je trouverai quelqu'un à l'aéroport. Change, inattention ou imprudence: je me fais tirer mon portefeuille. Exit CNI, permis de conduire et carte bleue. Ca commence bien. Heureusement, je ne suis pas seul: deux pilotes et une locale, sont venus m'accueillir et m'embarquer: Walter, l'organisateur sud-africain des trois jours à Nkawkaw, Richard (pilote anglais accessoirement recordmen du monde de distance en biplace) et Doris (qui se charge de l'intendance pour les 4 jours à venir).

 


Vendredi 14: nous partons pour Nkwkaw après avoir affrété une sorte de minibus: 3 américains, un anglais, un sud-af, un pilote australien et cinq français résidant en Afrique de l'ouest (trois au Bénin, deux au Togo). Gérard Bosson (l'un des trois considérés "mousquetaires de Mieussy des années 85" est un peu l'invité de marque: ça fait deux ans qu'il réside régulièrement au Togo voisin, où ils ont défriché plusieurs sites et tentent d'implanter un embryon de pratique parapentesque (voir Vol Libre n°352).
Pour la petite histoire, le hasard fait que les 4 des 5 volatiles francophones qui se croisent ici ont été formés à Sederon (Baronnies, 26): le monde "paraglütt" est décidément petit.

Au fur et à mesure que nous remontons vers Nkawkaw, la forêt se densifie pour bientôt avoisiner la jungle (forêt "primaire"). Nuages bas, rapaces, chappe sur la tête, moiteur, sueur. Pour moi les chaleurs plus sèches (Burkina, Mali) sont plus simples à supporter: ici le taux d'humidité avoisine parfois les 90%.
Flamboyants, baobabs, manguiers, acacias, eucalyptus, fromagers, bananiers, palmiers, panaris, colas, caféiers, etc., le tout avec une strate supérieure de grands arbres dans les zones les plus denses et les plus sauvages.
 

Le Ghana, c'est aussi le royaume des toits en taules et des innombrables "church" de tous poils et de toutes confessions. Si bien que certains coins me font parfois penser à certains clichés que j'ai tête concernant le sud anglophone de l'Afrique. L'espèce "bagnole" pullule. Les taxis pullulent, chacun d'entre eux s'en remet à Dieu: "God is great", "Jesus is true", God is the best", "Glory the God" etc... Au bout du compte, c'est là une accumulation de détails que je trouve dépaysante par rapport aux pays africains francophones environnants: je n'avais fait qu'une incursion à Accra. C'était en moto à Noel 1987 et ça s'était terminé par une sale agression sur la Côte. J'avais la gnak mais j'étais jeune ;-).

Arrivée à Nkawkaw: ouf !!! Quelque part ici on est déjà bien plus en Afrique qu'à Accra. Scènes de rueCa grouille. Centaines de véhicules bloqués, chaos, klaxons.
Visite du terrain de foot qui nous servira de pose. Montée au déco: belle trouée dans les arbres, langue de terre rouge travaillée à la pelleteuse qui offre une aire d'envol confortable d'environ 25 m sur 80m: on a déjà vu pire !!! En bout de pente: le tremplin delta confectionné il y a un an par les deux deltistes dépêchés sur place. Un a passé: il est déjà destroyed, bois tout pourri, planches en lambeau...
 

 

Walter fait fusible sous son Ozone 69 (proto accro à diffusion restreinte, genre 20 m2). Puis mise en l'air de toute la meute à l'exception de Franck resté coincé en bas avec son XT (kick-récalcitrant, ça me rappelle des souvenirs...). Brumes du matin, ça se décante progressivement, thermiques larges à + 3 et pas teigneux, gain de 1000 m au-dessus de la ville puis ballade au nuage. Tout ça permet de se rafraîchir quelques instants en oubliant la chaleur de plomb en basse couche. Innombrables vautours, ce sont des "Hooded Vultures". Par grappe de 50 ils balisent les pompes qui deviennent donc, de facto, des pompes à couillon. Je connaissais le vol aux nuages et le vol au thermique bleu: voici à présent le vol "aux vautours". Fastoche !!!

Vu du haut: le tapis végétal façon "Forêt vierge". On imagine le mec qui part en cross et qui finit par se coller là-dedans... Je sais pas pourquoi me viennent immanquablement ces pensées doucement arboricoles ;-).

Le tapis en question est bien compact: pour avoir survolé quelques villages côté ouest, je me dis que les vaches à viser restent les terrains de foot présents dans chaque village. Sur celui de Nkawkaw pose au milieu de centaines de gosses. C'est du délire, heureusement que Walter est là pour me filer un coup de main et canaliser la meute. Puis nous reprenons notre magic'Bus pour la cérémonie Ashanti de bienvenue à laquelle nous sommes conviés par chez les chefs coutumiers du périmètre. Non pas tant qu'il faille faire preuve d'allégeance auprès des autorités locales pour pouvoir voler. Mais chez nos hôtes, faire montre coutumière de leur hospitalité est un grand honneur et une immense joie.  En outre les chefs coutumiers ont ici un rôle politique encore important. C'est par exemple par eux que passe la gestion et l'attribution des terres en général, et des terrains publics en particulier. A ce titre c'est d'abord à eux que Walter a à faire pour l'aménagement du déco de Nkawhu. L'ambiance "rituel" (pascal) nous impressionne pas mal.

Les festivités durent environ deux heures, les Dieux n'en ont jamais assez. Mi-animiste, mi-vaudou. Tous endimanchés et toutes enrubannées. Pas mal de choses nous échappent car c'est ici le éwé qui est pratiqué, lequel se décline sous différentes variantes jusqu'au Togo et au Bénin. Gestuelles au whisky et au vin de palme. J'avais oublié le goût un peu âcre de ce vin de palme. Les mouches, elles, semblent apprécier particulièrement. Certains d'entre nous préfèrent s'en tenir prudemment au coca. Viennent ensuite les danses rituelles, enchaînées à un rythme effréné par plusieurs des personnalités présentes. Le Roi Ashanti trône sous un immense parasol brodé. Au sens traditionnel du terme, il a sous sa coupe environ un million de ses concitoyens.

 

 

Samedi 15. A pied d'oeuvre au déco de N'kawkaw à 8 heures. Big breakfast dans la brume. Les préparatifs vont bon train, en vue d'accueillir les personnalités diplomatiques et ministérielles. Très vite 2000 personnes sur le déco et aux alentours. Musicos & percus. Discours protocolaires interminables. En tant que pilotes nous nous présentons aux médias les uns après les autres. Haut en couleur. Puis viennent les premiers biplaces, avec un bon travers d'ouest au déco. Nous en déclinerons une vingtaine durant l'après-midi. Je suis particulièrement "verni": une passagère en jupe et en sandales; une passagère de 85 kg qui n'entre pas vraiment dans la sellette et qui n'ose pas le dire; enfin le pompon: un passager qui tombe dans les vapes alors que nous approchons du nuage 800m au-dessus. Il restera évanoui cinq bonnes minutes, le temps que je redescende en douceur et en délicatesse. Jets d'eau de gourdasse, cris et gifle ne permettront pas de le réveiller avant l'approche finale. Il revient à lui à 80 m / sol. C'est flippant mais je n'ai pas grand chose à me reprocher: je n'avais rien "envoyé" de particulier sur ce coup-là...

Chaque tour de manège se facture l'équivalent de 18 euros. Clairement nous avons donc plutôt affaire à "la haute". L'entrée au festival est elle aussi payante, tous les sous vont dans les caisses du Ministère du Tourisme et de quelques assoces caritatives locales. En contrepartie, en tant que biplaceurs nous sommes intégralement pris en charge quatre jours durant, ainsi que les pilotes solos et autres quelques accompagnatrices. Ce qui me scie c'est l'affluence: chaque jour en tout plus de 3000 personnes. Chaque décollage est ponctué d'une immense bronca et d'une salve de percussions, le tout dans un vacarme assourdissant. C'est au pont qu'il en est quasi-impossible de communiquer avec le passager lors des préparatifs... La soirée débute par la recherche de notre congénère australien Stewardt, lequel est parti en ballade et s'est posé on ne sait trop où dans la jungle, le tout sans "blinder" en radio. Je finis la journée rincé dans ma propre sueur. Même en acceptant l'idée que la perspective de finir en haut d'un baobab est carrément dissuasive, la seul présence de la combinaison dans mes bagages tient carrément du délire.

Dimanche 16.  Pâques: de nombreux endimanchés aux abords des churchs. Quatre rotations pour quatre biplaces: je sais désormais brieffer un passager en anglais. Les officiels sont moins nombreux sur place, mais TV et canards locaux sont toujours là. Walter largue son passager en base jump. Soirée: embouteillages monstres pour s'extraire de là. Idem dans N'kawkaw. Les taxis pullulent. Le taux de possession en voiture dépasse l'entendement. Très peu de deux roues quelqu'en soit le type. C'est extravagant. Zéro explication. Descente du soir au "maquis". Une ghanéenne qui se trémousse est à l'image d'une africaine qui se trémousse: c'est une africaine qui se trémousse !!! Ce soir-là il ne pleuvra pas,. Malheureusement. Piste de danse africaine à la pleine lune: une chute de reins à l'africaine sera toujours une chute de reins à l'africaine. Ouawouhh !!!!!  Ouawwwwooouuuuuhhhhhhh !!!! Nuit sur place: un gros pêtard "spécial Ghana" me rend malade comme un chien.

 

Lundi de Pâques.  Ouverture avec Walter pour un long biplace limite brume des barbules. Puis une speciwomen de 85 kg et d'1m85 qui me pose quelques problèmes au déco: course d'élan à l'aveugle, elle me barre complètement la vue. Dans la foulée cet espèce de Karl Lewis local à qui j'ai crié "Run run run !!" comme aux autres et à qui j'aurais mieux fait de dire: "Trottine trottine trottine". Le bougre bourrine au point que je ne peux pas suivre, la voile se bloque en "effet spi avant" le temps que je réalise. Heureusement que j'avais des écarteurs rigides. Avec des souples le gazier aurait fini tout droit dans les buissons du dessous, à fond les ballons. Et l'on serait encore en train de ramasser les débris au décollage !!! (ndlr - des écarteurs, pas du gazier). Autre épisode rigolo du jour: le triplace effectué par Walter avec deux gamins locaux venus d'Accra. Super ambiance et ambiance bon enfant.

Il est à présent 16h. Le festival est clos au sens où nous arrêtons les biplaces. Congestus somptueux et orage massif en préparation. Walter et Chuck bouclent la boucle pour une pose assez turbulente. Il y a encore deux à trois mille personnes présentes sur place.

Images fugaces de palmiers et de bananiers malmenés par le grain, dans une lumière crépusculaire et plombée. Pensées photographiques spécialement dédiées à Bernard Plossu: "images et sensations d'Afrique". Les français du Togo et du Bénin songent déjà à nous lâcher pour rentrer dans leurs pénates respectives. Je file un coup de main à Franck pour démarrer au kick son XT parfois récalcitrant. Et les voici partis avec Laetitia. Souvenirs souvenirs... Quant au dénommé Stephane, il y a fort à parier que le le retrouverai cet été à Paname où il doit migrer... de Cotonou sur son Béhème 800 GS solidement tropicalisé, via Ouaga, Bamako puis Nouadibou. Photo de famille de circonstance avant dispersion d'une partie de la troupe. Going back to Accra. mais pour l'heure des kilomètres de bouchon 50 bornes avant Accra. Des centaines de vendeuses à la sauvette de plantin et d'avocats. Coller de la vinaigrette dans ces avocats-là tiendrait de l'ineptie. Quand à leurs chips de plantin... nos "chips" à nous sont bien insipides à côté. Trafic en accordéon: les vendeuses à la sauvette sont obligées de cavaler pour conclure tout début de marchandage. Ce cirque est assez hallucinant.

On parle du paragliding festival et de notre pomme à la radio nationale. Bronca dans le magic'bus.  La nuit tombe tout doucement. Echoppes éclairées par des centaines de lucioles multicolores. Mais dans l'ensemble, les enseignes et les publicités sont moins hautes en couleurs qu'au Burkina ou au Mali.


A part ça: classique ou sempiternelle dichotomie entre brousse et milieu urbain. Et ici dichotomie très forte entre le Nord du pays et tout ce qui se trouve au Sud du Lac Volta. Mais globalement, je ne me souvenais évidemment pas d'un tel "delta" économique entre le Ghana et des pays comme le Burkina ou même le Togo. Il faut croire que le décollage économique post-Rawlings correspond à quelque chose d'assez tangible. En tous cas je suis bien content de pouvoir discuter de tout ça avec du people suffisamment curieux et assez routard dans l'âme pour se pencher un tant soit peu (...) sur ce qui se passe là où l'on passe.

 

 
 

Mardi 18.    Journée dans Accra. Nous sommes conviés au ministère du tourisme pour des remerciements bien sympas par le Ministre et toute son équipe. Ils affichent l'intention de pérenniser ces journées à N'Kawkaw afin d'en faire un rendez-vous annuel ouest-africain. Tout ça dépendra de leur capacité à débusquer des sponsors et à convier des pilotes forcément venus de l'extérieur. Rapporté par le site de l'Ambassade de France au Ghana http://www.ambafrance-gh.org (extrait): "Du parapente bientôt au Ghana Le Ministère du tourisme et de la modernisation de la capitale a annoncé sa volonté de développer le parapente dans le pays à travers un festival destiné à en faire la destination majeure des amateurs de ce sport en Afrique de l'ouest. (18/04) ".

A part ça ballades dans Accra grâce au pickup mis à disposition par le ministre, Mais j'avoue que je préfère les capitales de l'intérieur comme Ouaga, Niamey ou Bamako. Celles qui donnent sur la mer (Accra, Abidjan, Lomé, Cotonou...) sont trop occidentalisées. Soirée dans un pub (idée de Walter), où tout le monde a droit à la projection du film réalisé en 2005 par Antoine Boisselier pour le compte d'Ozone, à l'occasion de la première édition du GhanaParaglidingFestival. Mais eux étaient restés plus longtemps, ce qui leur avait permis de vadrouiller au Nord-Ghana y compris dans certaines réserves animalières. Leur périple était par ailleurs plus orienté sur le cross.

Depuis, Walter a réalisé plusieurs vols de plus de 100 bornes sur les confins du Lac Volta. Selon lui le potentiel ghanéen est bien supérieur à celui du Togo voisin où Gérard Bosson a ouvert plusieurs décollages. Cela s'explique sans doute par l'orientation NE-SO du massif d'Ohu, orientation assez peu compatible avec les vents dominants O-SO de la sous-région.
Mercredi 19.
  Réveil deux heures du matin pour moi par surprise c'est à dire sans que j'aie capté quoi que ce soit la veille au soir... Tout ça pour gagner le parc de Kakum Conservation Area, 35 km au Nord de Cap Coast. Passerelles d'arbre en arbre à cinquante mètres / sol pour voir de près singes, oiseaux, insectes du stade supérieur de la forêt primaire. Orage et radée tropicale du matin. Cette expé matinale laisse des traces. Puis virée quand même en bord de mer en direction de la Côte d'Ivoire, Cap Coast, Elmira.  Ports de pêcheurs  et  scènes de pêche.  Forts d'où embarquèrent des dizaines de milliers d'esclaves au 18ième. Lieux de mémoire où viennent se recueillir des blacks d'un peu partout, US compris. Réflexion du jour: qu'y avait-il de pire que la traite des noirs par les blancs... si ce n'est la traite des noirs... par d'autres noirs ?

 
 

Jeudi 20.  Départ pour Osuduku sur les confins du Lac Volta, en direction du Nord Est vers le Togo. C'est notamment là qu'il y a le potentiel pour partir en cross vers le Nord (l'an dernier des rues et des plafs à 2000 pour ballade de 50 bornes). Mais là, ciel un peu voilé, un peu chargé, des plafs... à 1000m et surtout un Sud soutenu appelé à forcir. Premiers contreforts rocheux. Manguiers (mangues petit format), flamboyants et bougainvilliers. Vol le long de la Volta. Ni blanche, ni noire: c'est ici la Basse Volta. Lac Volta: date de 1963. C'est devenu le plus grand lac artificiel du monde. Nous sommes deux bis et deux solos. Dans le village d'Osoduku nous sommes donc à la recherche de passagers. Nous proposons un vol à un local éberlué à qui nous avions demandé de nous accompagner au sommet. C'est John, prof d'anglais dans une école locale, qui nous accompagne. Crevaison du 4x4. Puis nous finissons à pieds. 38°. Je suis en zone rouge. Je décolle le dernier après avoir filé un coup de main à La Fouine pour son déco en bi.

 

 

Mais c'est déjà un peu tard. Le sud a forci. Stewardt qui a décollé le premier sera le seul à faire le but hypothétique qu'on s'est fixé pour éventuel point de chute, un peu après la montagne de Crowpow. Soit une petite vingtaine de kms. Je monte à 1000 m en m'extrayant laborieusement, parcours quelques kilomètre vers le Nord le long de la Volta puis reviens au déco pour poser non loin dans un village à proximité d'Osoduku. Quelques minutes c'est une nuée de gamins puis de locaux qui vient s'amasser autour de la Trango. Pendant ce temps-là Walter envoie des Sat en biplace avec Richard. Les grands enfants s'amusent puis reposent dans un mouchoir au sommet pour redescendre à mi-pente récupérer le 4x4. Entendu en compagnie des villageois (certains traduisent, tout le monde ne parle pas anglais): "On ne comprend pas ce que vous faites. A quoi ça sert ?". Seule réponse que je trouve: "Et vous, à quoi ça vous sert quand vous jouez au foot ?"...

 

 

 

Vendredi 21.  Matinée au poste de Police pour l'attestation de perte de mes papiers. Ou la bêêêête vue de l'intérieur ;-). Un voyage sans aucune galère n'est pas tout à fait une galère (...) Ici la patience est reine: 4 ou 5 versions successives du fameux document quémandé. Le gazier en chef boucle en me demandant 50000 cedis. Mais quand je lui demande une attestation de facturation en échange, "bizarrement" il se ravise. Pas très étonnant: il est vrai que durant mon stationnement dans la place, j'ai pu voir circuler quelques biftons sous la table, genre "façon-façon". Récup de Walter qui ressort du Ministère pour la réu pré-préparatoire au festival 2007. Puis vadrouille à pedigus dans East Lagon, où j'ai la chance de tomber sur des tisserands qui fabriquent le (fameux) Kente, somptueux tissage que je suis tout heureux de pouvoir marchander hors des sentiers battus à la sauce "touristicus".

 


Il y a aussi ce passage à N'Krumah Avenue. N'Krumah, figure mythique du panafricanisme et premier président ghanéen en date, juste après l'indépendance (1960). Figure politique africaine emblématique, comme plus tard les Lumumba au Congo et autres Sankara au Burkina. Je boucle par une intrusion dans Victoriaborg, pour ses maisons sur pilotis datant du 19ième.  Fait notable au Ghana: il n'y a aucun fumeur. Le tabagisme est ici inexistant. Le dicton veut que fumer mène en enfer. Du coup, il est quasi impossible de se procurer le moindre paquet de clopes, et je reste plusieurs jours sans rien consommer. Départ: je quitte le sol ghanéen à l'heure que je préfère en Afrique: celle du crépuscule où les centaines de lucioles et de bougies prennent possession des trottoirs et des échoppes, en guise d'enseignes lumineuses. Ça grouille. Ça fourmille.
 

 

Envol pour Abidjan. Il est 22 heures. Mma Adjo Ghana !!! A la revoyure mais en espérant vadrouiller plus au Nord et convaincre d'autres volatiles de venir exercer leurs talents de biplaceur dans le périmètre. Voire en prenant un peu de temps pour écumer les décos ouvert par Gérard B. au Togo. Nous ne sommes que quelques passagers à monter à Accra. Les autres viennent de Lomé. Je suis le seul "obruni" à bord. Ce n'est qu'à  Tripoli que je reverrai quelques spécimen de mes compatriotes. Constellations de bord de mer: nous longeons la côte jusqu'en Côté d'Ivoire. Difficile de ne pas penser à ce qui s'y passe depuis 5 ans. Je repense à ce récit de Frank, évacué en catastrophe d'Abidjan fin 2004 par les forces françaises "Licorne". A côté de ça, le Ghana fait figure de havre de paix et de stabilité (y compris pour la lèche auprès de la Banque Mondiale et autre FMI)... depuis un paquet d'années maintenant.

 

A Tripoli c'est la communauté malienne qui nous rejoint, en provenance de Bamako. Je me retrouve aux côtés d'un ancien. Il dit avoir 83 ans (dans cette tranche d'âge, compte tenu des atermoiements de l'état civil...). Il est de Sikasso, où je me souviens être passé en moto dans les années 85. Il prend l'avion pour la première fois. Il visite ses fils, stationnés à "Paris-Ville" depuis 25 ans. Il ne parle pas vraiment français. Un compatriote à lui fait l'interprête, tantôt au départ du Bambara, tantôt au départ du Gourmantché. Le patriarche a servi en Indo (1947) pour le compte... de l'armée française !!! A la fois consternant et hallucinant. Mais après tout: "logique". Certains (on les appelait sans distinction "tirailleurs sénégalais") ont bien "servi" en Algérie pour le compte du drapeau français...Même 60 après, il reste difficile de capter comment les inepties de l'histoire ont pu mener à de telles aberrations.

 

 

Bravo et remerciements à Walter (Neser) pour son sens de l'organisation et sa ténacité pour mettre sur pieds cet "african Event". On imagine que ça n'a pas été simple de goupiller tout ça en devant dégotter les quelques appuis et sponsors locaux.

Précision: le meilleur plan à l'heure actuelle au départ de Paris, c'est à priori via Tripoli avec la compagnie lybienne Afriquyah Airways. Dessert une dizaine de capitales (Accra, Cotonou, Lomé, Abidjan, Bamako, Ouaga, Kano, Lagos, N'djamena, Karthoum, Niamey et depuis peu Bangui.

 

Pénates parisiennes, grand soleil printanier: un petit café serré en terrasse à St Germain-des-Prés, en lisant Libé.

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